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  • Photo du rédacteurCMT

Pérec Sarraute Ernaux

Dernière mise à jour : 10 avr. 2020


Petite Minna jouait dans le parc du jardin botanique d'Alice Spring, surveillée comme les autres enfants par les adultes assis à la terrasse ensoleillée du bistrot, buvant un café dont la diversité dans ce pays reste mystérieuse à qui aime déguster du café.

Quelques tâches blanches sur la lumière noire que la tasse reflète et l’esquisse d’un sapin, d’un cœur, d’un flocon ou d’un cygne se détache.

c’est oublier que dessous il y a le breuvage brûlant dilué.

l’esquisse s’esquive, se diffuse, se noie.

Minna a 8 ans, elle ne boit pas de café, elle est énergique, musclée, petite.

Les autres, les garçons surtout se moquent de sa petit taille.

Rieuse, blonde à la peau très claire aux joues rougies chaque jour par le soleil brûlant du désert australien,

Minna sait qu’elle a des origines française par son père. Mais à 8 ans, cela ne signifie presque rien pour elle. À la maison, ils ne parlent qu’anglais avec cet accent distinctif de syllabes inarticulées.

Alice Spring est l’oasis urbanisé du désert rouge du centre de l’Australie. Elle accueille une population à majorité blanche et une communauté aborigène.

Le marché de noël bat son plein en ce mois de décembre sur la rue principale de la petite ville de pionnier. Cette artère piétonne est le poumon de la ville, tout autour des zones résidentielles basses, avec des villas contre lesquelles s’agglutinent roches et dunes de sables. Au milieu coule une fois tous les 15 ans une rivière « Todd ». La résurgence se trouve près de la toute première ville de pionniers télégraphistes dont il ne reste aujourd'hui que quelques baraques rénovées, souvenir du passé et servir de départ aux randonneurs.

Minna n’a jamais vu Todd couler.

Elle a 8 ans, escalade avec ses amis la colline contre laquelle se niche le chemin botanique.

Elle arrive la première au sommet. c’est sa victoire sur sa petite taille. Elle est toujours la première en sport et elle adore l’escalade.L'année prochaine, c’est sûr ses parents l’inscriront au club d’escalade et de randonnées et plus tard elle deviendra ranger.

Le temps s’étire à Alice et le climat est invariable.

Il fait toujours chaud, toujours beau. Il ne pleut que rarement; parfois le vent se lève et avec lui le sable tourbillonne.

Durant la saison d’été, les incendies se déclarent et noircissent les arbustes décharnés et secs des étendues brûlées du Red Center.

La ville est éraflée par la ligne de chemin de fer, qui relie Adelaïde à Darwin.

Un aéroport moderne dessert d'autres villes australiennes comme Melbourne à 3 h, Sydney à 4 h. des fuseaux horaires différents.


Minna s’envole vers ses études,Minna rêve d’Europe.

Naturellement, elle a entrepris des études de langues et apprend le français même si elle n’ose pas le parler avec les touristes français qu’elle accompagne lors de trek dans le désert depuis deux ans.

Elle est ranger. "Little Minna" inscrivent les autres rangers du coin sur les fenêtres de son van.

Friendly, elle enlace ses amis à chaque arrêt.


Uluru, kings canyons, kata Tjuta.

Uluru et son sol craquelé sous l’effet du vent, de la chaleur et du ruissellement de l’eau.

Le soleil qui épuise les hommes dès l’aube allume le rocher le matin. Le sable rosé qui brunit l’été est parsemé de touffes hirsutes, argentées de buissons décharnés et d’arbres dont le tronc noirci rappelle les incendies volontaires selon la méthode ancestrale des aborigènes.

Les arbres se multiplient à l’approche d’un escarpement rocheux, d’un source d’eau dont le ruissellement n’est plus qu’un lointain souvenir. Les feuilles d’eucalyptus vert de gris abritent le chemin des animaux. Dans l’éclat de la roche rouge, des empreintes de mains.

Alice Spring est une ville de passage, les familles ne s’y installent que pour peu de temps et bientôt n’y resteront que les fonctionnaires, les rangers, les fermiers alentours. les locaux et les aborigènes cohabitent chacun dans une partie de la ville et chacun à son heure du jour ou de la nuit.

Dans les rues désertes à la fermeture des magasins circulent des formes deux par deux ou par petits groupes. Silhouettes sombres et massives, corps abîmés, fagotés. Les silhouettes envahissent les rues, se les approprient et l’autre population, "la blanche", "la travailleuse", "la créatrice de richesses", celles qui possèdent les maisons du centre et autour de la rivière s’enferment chez elle, dans les bars, les restaurants de la rue qui s’ouvrent dès la tombée de la nuit aux véhicules.

Minna a incité les participants de son dernier trek de l’année à un repas au rock café ce soir.

Elle dépose chacun à leur hôtel, les enlace tour à tour et leur dit « après 19 h, prenez un taxi pour vous rendre en ville »

la peur se diffuse. Les hôtels, les auberges ferment leurs portes. Il faut sonner pour entrer alors que le matin tout est grand ouvert.

Un couvre feu dans la ville.

Après sa douche, c’est en jupe courte qu’elle rejoint le rock café. En cette soirée du 1 décembre, il fait déjà très chaud et les gens s’affublent malgré tout des attributs de noël. Des bois de rennes, des ailes d’ange, des bonnets rouges et blanc clignotants ; même le bon vieux pantalon rouge bordé de fourrure blanche surmontant des bottes noires.

La ville d’Alice semble être recroquevillée dans les bars.

Minna boit les 5 boissons que lui présentent ses amis du bar dans des récipients différents.

Son excitation déjà palpable à son arrivée s’accroit après les verres alcoolisés.

Ses jours rosissent au fur et à mesure qu’elles raconte la nouvelle.

Et dans le bruit ambiant,on pouvait entendre de ci de là, des félicitations et des applaudissements au milieu des chants de noël.

A la fin du service, comme les autres, elle saute dans un taxi qui attend devant le bar, en file indienne depuis la tombée de la nuit. Peu à peu, les bars ferment et bientôt le va et vient dans la rue principale cessera pour faire place à la nuit, la profonde ou aucun blanc ne mettrait les pieds dehors. Dans son taxi, Minna le breton se dit en secouant la tête que tout ceci serait bientôt terminé puisqu’elle quittera l'Australie pour la France, Alice pour Reims, afin de poursuivre ses études et approcher son rêve. Aller à Chamonix.


Noëlle


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