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Contes en atelier : Laurette



Laurette est une fillette de six ans,grande pour son âge. Sa mère est morte en couche. Elle vit avec son papa.

Leur maison, rue du canard est jolie,jaune. Des grilles vertes du jardin de devant sortent des roses avec des épines.

Le papa travaille au musée d’histoire naturelle; il est le gardien du dépôt des clefs : clefs pour la galerie de minéralogie, clefs pour la galerie des poissons, clefs pour la galerie des squelettes, et bien d’autres. Le trousseau est très lourd.

Laurette va à l’école, on la voit descendre la rue du canard, faisant tourner son cartable, et elle, ondulant autour des arbres. Puis un jour, elle tombe violemment, en voulant sauter le trottoir qui mène à la cour.

La fillette est aveugle. Le sort s’acharne. Pauvre petite, pauvre homme.

A la maison les pièces tanguent comme des voiliers, les portes à moitié fermées lui claquent au nez. Le seul refuge pour Laurette, c’est son lit, lorsqu’elle s’enfuit sous l’édredon et que son père fume dans le fauteuil juste à coté.

Le désespoir ne dure pas, Laurette est trop jeune, son père très patient. Il y a la chance et la malchance.

Tous les matins, elle garde les bras en l’air, le temps qu’il l’habille. Sur le chemin du musée, elle l’accompagne et doit compter les pas de la maison à la boulangerie dans laquelle chaque jour entre son père. Elle compte encore jusqu’au musée. Son père lui explique les vitrines, lui place dans les mains coquillage, ampoule, plume d’oiseaux.

C’est auprès de Marcel, le gardien spécialiste des mollusques et coquillages qu’elle vibre. Il lui apprend la mer. En surface, un escargot violet aveugle mange des petits invertébrés.

Elle est calme, touche longtemps l’intérieur d’une coquille saint jacques merveilleusement polie. Heureuse, elle quitte Marcel et ses trésors, sans attendre son père. Dehors, c’est un vacarme de bruits et d’odeurs. Elle reconnait celle des marrons chauds de l’hiver. Elle s’est perdue, oubliant de compter ses pas. Elle rêvait très fort.

Elle a grandi et découvre deux cadeaux d’anniversaire : une petite boite en bois, il faut presser l’ouverture pour trouver le bijou. L’autre cadeau est lourd. C’est un livre en braille, un méchant souvenir oublié. Les lignes en relief lui avait fait si mal aux doigts. Le pacte se signe dans les sourires. Ce sera la vie des mers du monde, en échange de la lecture.

Elle est fine, le teint velouté, les cheveux blonds décolorés par le soleil intense de la mer Egée. Laurette accompagne les équipes de chercheurs des mers. Les descriptions lui sont minutieusement restituées. Son ouvrage spécialisé pour aveugles doit être lumineux.

Le cerveau de Laurette est dans l’obscurité et pourtant le monde qui se construit dans son esprit déborde de couleur et de vie. Son père et Marcel ont quittés le musée d’histoire naturelle pour le tout petit centre marin de l’île ou vit Laurette.

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