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Meurtre au Désert blanc


Les auteurs : Marie-Jo D, Dominique T, Isabelle R, Patricia S, Michèle VM, Chantal T

C'était un lieu unique. Unique ? Tous les lieux ne le sont-ils pas ? Celui-là l’était précisément. Les gens qui l’habitaient -osaient l’occuper ! - l’appelaient le Désert blanc. La blancheur du désert, n’est-ce pas singulier ? Peut-être était-ce la fournaise –du début de l’été jusqu'au bout de l’automne- et le calcaire de ses collines sèches qui l’avaient baptisé ainsi. Quand on y pénétrait, au printemps, en hiver, ce n’était pas toujours ce qui sautait aux yeux. En mai, la vallée se couvrait de fleurs blanches. On disait qu’un homme amoureux des jardins les avait semées du temps de sa jeunesse et qu’elles lui avaient survécu. Et il y neigeait abondamment en janvier. En somme, si c’était un désert, sa blancheur lui venait du manteau qui l’habillait tout au long de l’année, et ce manteau couvrait souplement, somptueusement quelque fois, tout le pays.

Et puis, on prenait la route. On parcourait un vaste espace plat -bétonné de part et d’autre de la quatre voies- envahi de panneaux publicitaires démesurés en taille et en nombre, vantant le bonheur électroménager. Une zone commerciale recouvrait comme une lèpre les champs et les fermes d’élevage. Les supermarchés et les tours de bureaux, associée à des centres de "fitness" avec piscine pour cadres performants, peu à peu les remplaçaient. On n'y voyait plus les tapis de pâquerettes blanches, les vaches tranquilles. Et pas davantage, vers le flanc des collines, les troupeaux de moutons où gambadaient les agneaux non loin de leurs mères.

Les "grandes surfaces" aux enseignes européennes, ceintes de non moins grandes surfaces de parkings, attiraient des pèlerinages de masse. Le consommateur était rassuré, on ne manquerait de rien, les désirs pouvaient se déployer, tout était offert.

Ensuite, les lotissements prenaient leur place, plus ou moins pimpants suivant l’âge de leur construction. Selon leur style -l'éclat de leur crépi, un brin de mousse sur leurs toitures- on pouvait les dater :1970, 80, 90...Les minuscules piscines individuelles occupant les jardinets apparaissaient alors, indiquant la présence des critères du confort américain.


Une fois passées l’annonce de la ville -c’était une ville touristique bruyante et animée surtout en haute saison, nichée au cœur des collines fleuries de cette belle région du Désert blanc- et de sa périphérie, l’enfilade des artères s’offrait au regard. Suite de tronçons, alternance de signaux tricolores, automobiles parquées, piétons affairés. Un rond-point, tache colorée de fleurs rangées, permettait l’accès à l’avenue centrale, débordante de boutiques variées et habillée de lampadaires design.

C’était une ville moyenne et l’avenue - le poumon de la ville- y desservait les points stratégiques. Le théâtre rénové, la grande place de l’hôtel de ville et sa majestueuse fontaine. Tout au long s’étalaient bâtiments hauts et stylés, symboles de l’ancienne richesse commerçante et de sa bourgeoisie. De là fusaient les rues piétonnes puis les ruelles pavées tortueuses et sombres qui acheminaient le touriste au cœur de la vieille ville médiévale. La cathédrale gothique était le point de départ des pèlerins à la coquille bien connue.

Au plein cœur de ces ruelles, se lovait un petit quartier chic, aux belles résidences anciennes, protégées par de hauts murs, lesquels s’étaient laissés aller, ça et là, à la ruine. Une maison, juste derrière, se dressait seule. Un petit jardin la devançait. Il fallait pousser une grille en fer forgé pour y pénétrer. Des parterres de fleurs odorantes de part et d'autre de l’allée. Plus loin, un petit potager se nichait entre deux arbustes. La maison les dominait d'un air bon enfant. Sa façade dont la forme carrée rassurait, s’agrémentait de fenêtres spacieuses et d'un porche en pierre dont la couleur bleue indiquait la provenance. Il n'y avait que dans cette région que l'on trouvait cette sorte de pierre. Le toit arborait fièrement ses tuiles de pays. Tout cela respirait la force et la tranquillité. La porte d'entrée elle aussi reflétait ce sentiment : son heurtoir avait une forme de chien dont la gueule semblait sourire au visiteur.


Quand Marc était entré dans la cuisine, en début de soirée, il avait été agréablement surpris par la douce lumière diffusée par deux larges fenêtres. Les rideaux n’étaient pas encore tirés. Les murs peints de bleu pâle et de jaune donnaient à la pièce une belle harmonie. Plusieurs tableaux y étaient accrochés. Une riche collection d’œuvres contemporaines. Des tomettes rouges décoraient le sol. Un haut buffet mettait en valeur une vaisselle de luxe. Près de l’évier, des ustensiles de cuisine étaient suspendus. Au centre, trônait une grande table en bois. De nombreuses chaises attendaient les convives pour le repas. La table n’était pas encore dressée. On pouvait déjà sentir une bonne odeur émanant des fourneaux voisins.

Marc était heureux. Cela faisait quelque temps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés tous ensemble. Chez Adrienne, son amie d’enfance. Cette maison l’apaisait, lui si vite angoissé et stressé par sa vie de chef d’entreprise à la capitale. Ici, il pouvait fuir ses soucis, d’ailleurs tout en lui annonçait l’abandon. A commencer par sa tenue : bermuda et sandales, polo barré du crocodile familier, et puis sa barbe de trois jours, taillée avec soin malgré tout. Lui au naturel, la cinquantaine bien portée, les tempes grisonnantes. Ses yeux noisettes s’étaient arrêtés un instant sur les peintures de Basquiat, de Warrol. Coutumier des salles de sport, attentif à sa silhouette encore jeune, il se questionnait sur le menu, espérant peu d’excès. Une odeur sucrée éveillait doucement son appétit et l’air frais venu de la terrasse caressait ses bras nus, halés et musclés.

Appuyé sur sa canne, Jean regardait, amusé, les tableaux accrochés au mur. Décidément -songeait-il- je ne comprends rien à l'art moderne. Il faisait lentement le tour de la pièce. Sa haute stature dominait les autres. Il impressionnait par sa taille. Son costume de lin provenait du meilleur faiseur. Un chapeau de feutre d'où s'échappaient des cheveux blancs, coiffait un visage émacié, aux yeux d'un bleu limpide, chaussés de lunettes rondes. Sa jambe le faisait souffrir. Il avait fini par s'asseoir dans un mouvement d'une rare élégance. Le veston entrouvert laissait voir une chemise d'un blanc cassé, au col ouvert.

Il émanait de lui à la fois une sérénité et une fragilité dont on n’aurait su dire si elle tenait à l'âge ou aux événements qu’il avait traversés.

Zoë, dix sept ans, était ravie. Son nouveau copain l’avait invitée pour la première fois chez ses parents. Leur maison l'avait toujours attirée par l'élégance de sa façade à un étage, ses bow-windows du rez-de-chaussée, et son jardin fleuri. Née dans un milieu très modeste, elle se passionnait pour l'architecture. Venait ensuite la musique. Elle se déchaînait à la basse, au sein d'un groupe échevelé du lycée :" les Black Stars ".

Retrouver Kevin en dehors du lycée était une première, et Zoë s’était demandée comment elle serait accueillie, avec son style gothique, jeans tagués déchirés sur la cuisse, percings à la narine et aux sourcils, un maximum de rimmel, les lèvres plus violettes que carmin, les cheveux noirs en broussaille, garnis de dread- locks enrubannés.

Kevin avait insisté Viens, tu rencontreras quelques spécimens d'adultes chiants, ça t'amusera. Ma mère sera contente de voir, que pour une fois, j'ai une copine, et le buffet est toujours sympa ! Curieusement, Adrienne était chaleureuse et souriante, vêtue de blanc, la quarantaine décontractée, mince, une longue natte rousse lui donnant un air romantique. Elle lui avait dit avec un sourire malicieux Je vois que vous vous intéressez à la peinture ? C'est une collection dont j’ai héritée, je vous en parlerai une prochaine fois, mes invités arrivent, mon grand fils va s'occuper de vous ...

Pas cons ces bourges avait pensé Zoë, agréablement surprise. Elle s’était dit qu'elle en aurait à écrire dans son journal, ce même soir.

Dans le coin le plus sombre de la pièce, Romain, le frère cadet de Kevin, était assis, tête baissée sur son téléphone portable. Il était complètement fermé à ce qui l’entourait. Il avait encore gardé sa casquette verte qu’il mettait toujours à l’envers. Son large tee-shirt noir portait l’inscription Carpe diem. Le coton en était usé mais les mots restaient lisibles. Il arborait un dragon tatoué sur son avant-bras droit. Son large jeans tombait sur des baskets qu’il s’était choisi pour leur marque. Quand il avait enfin levé la tête des multiples connexions de son téléphone, il avait jeté un coup d’œil du côté de Cécilia. Son visage d’adolescent n’avait pas encore quitté l’enfance et ses yeux bleus étaient magnifiques. Il avait souri à sa cousine Caroline -ils avaient le même âge- assise à ses côtés et penchée elle aussi sur son smartphone. Et il avait aussitôt replongé la tête dans ses jeux.

Cécilia était assise à table. Pas une assiette en vue alors qu’elle avait faim ! Elle disait toujours Moi je suis grande, il faut me nourrir. J’aime manger, c’est peut-être pour ça que je suis grande. Et elle éclatait de rire.

Cécilia, la grande rousse, avait un appétit d’ogre. Et pourtant, elle était mince, dans son jeans qui épousait ses cuisses et ses hanches, cette chair fine qui s’adressait si joliment aux regards bouleversés de Kevin et de Romain. Le buste petit, étroit, disparaissait sous une poitrine lourde. Toute cette minceur s’épanouissait là et seulement là, car le cou était gracile et le visage menu. La chevelure rousse retenue en chignon l’encadrait de mèches légères. Des lèvres enfantines les léchaient doucement tandis que le fumet du repas incitait les amis à s’attabler.

Zoé était affaissée dans un fauteuil en cuir fauve quand son copain arriva du premier étage, avec cette démarche chaloupée qui la faisait craquer. Il a une allure folle, s’était-elle dit. Les invités vont visiter le jardin avec mon père, annonça-t-il, le visage crispé, en servant d'office deux whiskys. Il lui chuchota dans le cou J'ai à te parler, Zoë, je sais que je peux compter sur toi ! Allons dans la salle de piano ... Alors que les deux jeunes gens montaient à l’étage, leurs verres à la main, la porte vitrée de la véranda du salon s'ouvrit avec fracas. Kevin entendit son père crier On vient de retrouver Marie étranglée. Il répétait C'est Simon…C’est Simon…il l'a dit ... à la police, c 'est lui, ce larbin, ce monstre. On lui a fait confiance...Salaud…pour du fric...

Les invités étant tous accourus, on entendit un cri d’horreur, un cri animal de détresse venant de la cuisine, vite étranglé... Adrienne ! Et tous s'étaient mis à parler en même temps.

Quoi ? Marie Smith ?... La femme qui habite en contrebas.

Tu te souviens, Mam’, on lui avait acheté des œufs.

Belle femme !

Romain se remémorait Marie Smith avec émotion. Il se souvenait qu’en prenant la boite d’œufs, il lui avait effleuré la main. Ses joues avaient rougi. Cette femme d’âge mur l’avait subjugué. Il avait regardé Caroline, avec une certaine tristesse.

La pauvre ! Mariée à un mec peu aimable. Pas eu de chance !

Tuée par son domestique ?... Comment est-ce possible ? Faire confiance à quelqu’un pendant des années et pan…

J’hallucine ! C’est chelou ! Romain s’était reconnecté pour en savoir plus. Sur son téléphone il avait tapé « Meurtre de Marie Smith ». Son beau visage était apparu sur l’écran. Sacrée nana ! Je rêve !

Meurtre par cupidité ? Richard et Marie Smith n’étaient pas blindés de thunes. Plutôt des dettes !...

Zoë était comblée. Là, il se passe vraiment quelque chose, on se croirait dans un roman d'Agatha Christie ! Elle était restée à l'étage. Elle qui avalait habituellement sans sourciller les thrillers de Stephen King, observait penchée sur la rambarde du palier, avec un regard d’entomologiste, les réactions de chacun. Elle ne s'était pas rendu compte de l’absence de son copain. Je ne la connais pas cette Marie Smith, pensait-elle, mais je me rappelle qu'elle donnait des cours d’anglais dans son élégant cottage. Kevin m 'avait dit avoir fait beaucoup de progrès grâce à elle, même si elle l’intimidait beaucoup avec son allure de femme mûre...Elle était une amie de sa mère. Le domestique, tout le monde en avait entendu parler. Mon père disait que c’était un ancien militaire revenu traumatisé de la guerre d’Irak, sans famille, que c’était Richard Smith qui l’avait recueilli. Tu parles ! Il était exploité.

Jean était assis sur une chaise quand l'annonce du meurtre de Marie Smith était arrivée. Marie, Marie, ce prénom me dit quelque chose, pensa-t-il, mais quoi? Il avait beau chercher il ne trouvait pas. Pourtant, c'était un prénom qui lui semblait familier. Cette histoire est invraisemblable, se disait-il. Elle cachait sûrement quelque chose d'autre. Mais où avait-t-il entendu ce prénom ? Agacé par sa perte de mémoire, il marchait autour de la table, malgré sa jambe douloureuse. Mais rien ne venait. Il s’était assis à nouveau et avait décidé d'attendre les explications des autres. La mémoire me fait de plus en plus défaut. C'est peut-être mieux ainsi.

Cécilia avait voulu se lever mais y avait renoncé. Marie Smith, elle l’avait rencontrée ici même dans cette cuisine. C’était l’an dernier au printemps il me semble, une belle femme enfin je crois. Marie ou Julie Smith, je les confonds peut-être. Deux sœurs, l’autre doit être anéantie. Alors tout haut elle avait dit C’est Marie ou Julie ? Oui celle que je connais. Tout le monde s’en fichait bien de la sœur mais pour elle, bêtement, c’était là l’essentiel, la douleur de la sœur, que la mort ait tranché le lien de fraternité. Et doucement elle s’était mise à pleurer. C’était un vrai chagrin comme un chagrin d’enfant le front sur la table la tête au creux des bras et de petits hoquets qui soulèvent la poitrine. Peu lui importait le brouhaha, les cris, elle était seule, juste elle et le bois de la table que les larmes mouillaient en même temps que les manches de son gilet.

Marc s’était approché, avait posé sa main sur son épaule. Marie, se disait-il, ce n’est pas possible. Des flashs s’imposaient à lui, leur jeunesse, la campagne, ses nattes et ses tâches de son, son rire franc, la douceur de ses mains. Ce n’est pas possible murmura-t-il, mais pourquoi ? Les vacances d’adolescent, leur flirt, sa maturité à elle. Et leurs chemins différents… Cécilia, je t’en prie, ne pleure pas si fort. Oui, je la connaissais aussi, comme les autres ici. La tristesse l’avait envahi, le regret de s’être éloigné Et puis cette fin tragique et idiote. Cécilia était à l’opposé de Marie. Il avait pensé qu’elle le ferait moins souffrir. Adrienne a gardé le contact avec Richard, il me semble.

Comment Adrienne ? Oui, je ne sais pas, les obsèques j’y serai peut-être mais il va y avoir une enquête je pense.

C’en était fini de leurs vacances tranquilles.

Adrienne servait des boissons et Marc remarqua ses mains tremblantes, sa pâleur et ses joues empourprés, témoins de son émotion. Il lui proposa son aide mais elle semblait ailleurs. Cécilia en fait trop comme toujours et pleure une femme qu’elle ne connaissait pas vraiment. Si elle savait pensait-il, il ne vaut mieux pas.

Romain et Caroline menaient l’enquête à travers leur technologie téléphonique et leur vieil ami Jean, affaissé dans le fauteuil commençait doucement à s’assoupir. Adrienne était sortie sur la terrasse et Marc l’avait rejointe, l’avait enlacée un instant mais elle s’était crispée, en pleurs. Je comprends, lui dit-il. Elle s’était détachée brusquement de lui, et il avait vu la colère dans ses yeux noirs Non, tu ne peux pas, tu ne sais pas, personne ne sait. Il l’avait regardée et s’était souvenu qu’elle avait aimé autrefois Richard Smith, qui lui avait préféré Marie. Une perspective s’ouvrait brutalement à elle. Sa rivale, Marie, venait de s’effacer. Il l’observait et ne pouvait s’empêcher de chercher dans son attitude la clé de ce drame. Oui, la nouvelle va tout bouleverser, rien ne sera plus comme avant, pensa-t-il.

Zoë avait rejoint son ami dans sa chambre et l'avait trouvé comme un enfant, roulé en chien de fusil sur son lit, sa tête dans ses mains, sanglotant...Son visage imberbe était livide, il avait perdu tout son prestige de beau garçon viril. Zoë, attendrie, lui avait caressé l'épaule Tu l'aimais tant que cela Mme Smith ? Il avait répondu, en se relevant comme un ressort, hagard, la repoussant violemment T'as pas saisi, Zoë ? C'est moi, c'est moi qui l'ai tuée, elle était enceinte, pas de son mari, il la touchait plus. Elle savait pas de qui, ça m'a rendu fou d'apprendre que je n'étais pas le seul ! Et l'autre, Simon, qui se dénonce à ma place !

Zoë, éberluée s’était dit qu'elle était tombée dans un panier de crabes et s’était enfuie à toutes jambes.


Soudain, venant de l'extérieur, on entendit la sirène d'une voiture de police. Puis quelques pas vigoureux avaient fait claquer les dalles du perron, la sonnette avait retenti. Tremblante, devant les invités ébahis, Adrienne avait ouvert la porte. Trois policiers se tenaient sur le seuil.

Le plus grand de taille s’était présenté Commissaire Hawkins. Mes hommages, Madame. Pardonnez-moi cette intrusion mais j'ai tout lieu de croire qu'un certain Marc Rupert se trouve parmi vous.

Le regard d'Adrienne s’était tourné vers Marc.

Nous avons quelques questions à lui poser concernant le meurtre de Marie Smith. Si vous voulez bien nous suivre, Monsieur.

Marc avait hésité et tous les convives avaient remarqué son extrême pâleur, puis il avait disparu avec le commissaire. La scène n'avait duré que quelques minutes, laissant l'assemblée abasourdie. Seuls Romain et Caroline chuchotaient entre eux, tout excités.

Cecilia était toujours en pleurs et le rimmel coulait sur ses mèches rousses. Adrienne s'affairait auprès d'elle en murmurant quelques paroles de réconfort.

Mais pourquoi donc veut-il interroger Marc ? répétait-elle en jetant un regard implorant à Adrienne.

Celle-ci répondit que tous les proches de Marie allaient être entendus. Ils sont amis d'enfance, après tout.

Elle n'osait apprendre à Cecilia ce que tout le monde savait au village. Marie et Marc avaient repris leur ancienne liaison et Richard Smith devenait fou de jalousie.

Mais le vieux Simon, que vient-il faire dans cet imbroglio ? se demandait Cécilia.

Jean regardait venir vers lui les deux collègues du commissaire.

Mr Smith ? avait dit l’un d’entre eux.

Pourquoi me demande-t-il mon nom ? pensa-t-il. Dans la pièce tout le monde s’était figé.

Mr Smith ? avait répété le gendarme. Nous vous demandons de nous suivre.

Les suivre ? Pourquoi faire ? Il ne comprenait rien à ce qui se passait. Et pourquoi les autres le regardaient-ils d’un air inquiet ? Il s’était levé lentement. Pourquoi dois-je vous suivre ? demanda-t-il d’un ton très calme.

C’est au sujet de votre fille, Marie Smith.

Marie Smith sa fille ? Il avait beau chercher, il ne se rappelait pas avoir une fille. C’est celle dont on parle. Mais pourquoi a-t-elle le même nom que moi ?

Un souvenir émergeait difficilement : une dispute, des cris, un coup porté à la tête d’une jeune femme. C’était ce que le gendarme lui expliquait Mr Smith, vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre de votre fille.

La nouvelle lui semblait invraisemblable. Il n’avait pas de fille. Il ne pouvait pas l’avoir tuée. Adrienne s’était approchée des policiers Mr Smith est atteint d’une forme avancée d’Alzheimer. Je doute qu’il se rappelle quoi que ce soit.


C’est alors que la pièce s’assombrit. Un volet se mit à battre violemment contre la façade. Le ciel était devenu gris foncé. Le vent s’était engouffré dans le jardin et les feuilles voltigeaient.

Coup de tonnerre. Tout le monde avait sursauté. Aussitôt après, un éclair d’or avait tracé sa ligne dans le ciel. Comme un puissant coup de flash, les visages s’éclairèrent subitement. L’orage était au-dessus de la maison. Le tonnerre grondait de plus en plus fort. Les éclairs ripostaient de plus en plus vite. Puis une boule de feu tomba sur le tilleul qui venait rafraîchir la terrasse. Il s’embrasa. Romain et Caroline se précipitèrent dehors à la recherche du tuyau d’arrosage. Il fallait en vitesse calmer le feu. La sécheresse récente attisait l’incendie. Mais il se propagea, au jardin comme à la maison, en flammes immenses. Dehors, dedans, ils étaient pris au piège. Le meurtre de Marie Smith ne serait jamais résolu.

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