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JULIET WOOLF

Dernière mise à jour : 6 juin 2020

15 septembre 1968

C’était pendant le premier cours de math de l’année .je me suis installée à côté d’une inconnue. Elle est grande, a de longs bras et rogne mon territoire .j’ai l’impression que je vais tomber de ma chaise. Je n’ai rien osé dire .Je n’ai pas réagi face à elle .Je me suis sentie pitoyable.

Je me suis demandé comment j’allais résister à cette suprématie.

Avais-je le pouvoir de changer de place ? Je suis bien incapable de le demander au prof de math .Pourrais je me défendre ? A un moment du cours le professeur l’a interrogée et elle a répondu d’un ton méprisant .Pour moi qui suis nouvelle, qui ne connait personne cette attitude m’a humiliée .C’était comme si la honte que j’avais ressentie pour elle rejaillissait sur moi.

Je me suis dit malgré mon isolement qu’il était impossible qu’elle devienne mon amie.

J’en aurai pleuré, elle l’a vu et m’a dit :

_pauvre cruche campagnarde, moi aussi je suis nouvelle, Je veux m’imposer.


Aujourd’hui 15 mai1969 j’ai invité Anne à venir passer le We à la maison.

Et dire qu’au début de notre rencontre j’éprouvais un sentiment d’infériorité en sa présence .A l’internat elle rallumait sa lumière dès que la surveillante s’était éloignée sous peine de voir le dortoir entier se faire punir Que s’est-il passé pour que l’on devienne amie ?.Qu’est ce qui a changé en elle ou en moi ?

Nous en avons parlé hier soir dans la chambre chacune dans notre lit en chuchotant et riant. Elle me disait .souviens -toi le jour où le prof de math t’as surprise en train de lire c’est à ce moment-là que nous sommes devenues amies, tu pris de l’assurance.

Son franc parlé, son aisance m’aide. Quand le doute me saisit je me dis que ferait Anne et je vais chercher la réponse au fond de moi Mais aujourd’hui dans ma famille elle est timide, elle n’ose pas. je lui ai fait visiter l’église et ses sarcophages, elle n’en revenait pas de voir les minuscules. On a joué au mort dans celui du coussin.

Quel n’a pas été mon étonnement quand elle m’a dit -chez toi c’est bien tes parents ne hurlent pas toute la journée -


21 septembre 1985

Aujourd’hui Anne m’a surprise en passant à la maison .Voilà plusieurs mois que je ne l’avais pas vue. Elle a changé, ses cheveux commencent à blanchir et son visage montre quelques rides. Je me suis dit que ses cheveux longs lui vont mal et qu’elle ne prend pas soin d’elle .Et moi mère de 3 petits comment suis- je ?je m’occupe peu de ma toilette je n’en ai pas le temps. Elle m’a dit : je suis très occupée, je travaille beaucoup et la peinture m’absorbe .Elle exposera bientôt dans une chapelle à Avignon. J’irai au vernissage.

Les enfants étaient ravis de la voir .Elle nous a amené des photos qu’elle avait prise il y a longtemps, des photos des enfants travaillées en noir et blanc. Je vais les encadrer et les mettre au mur.

Elle monopolisait la parole et moi je n’avais rien à dire et dans un sursaut pour paraitre intelligente j’ai parlé de mes lectures.

Elle m’a sidérée en partant elle m’a dit

_j’aime bien venir chez toi, c’est toujours gai, j’apprécie beaucoup tes enfants il m’accueille avec entrain et il y en a toujours un qui me demande ici je reste à diner .Tu n’imagines pas combien j’en suis touchée.


20 novembre 2018

Aujourd’hui j’ai pensé à Anne. A cette longue et belle amitié instable qu’on a vécue et puis à ce rien .il me semblait que notre relation était indéfectible et pourtant je l’ai détruite parce que je quémandais les rencontres. Elle m’appelait et je laissais Gustave et les enfants pour aller la réconforter. .Depuis qu’elle s’est mariée elle m’a oubliée. Elle me manque .Est ce qu’un homme a pu tout effacer, est ce que le destin la mettra un jour sur mes pas ?

CLAIRE

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